« Nous considérons comme Corses celles et ceux qui vivent ici et épousent le destin de cette île, sans considération de leur origine, de leur religion ou de leur couleur de peau. » C’est en ces termes que Gilles Simeoni, fraîchement élu à la tête du Conseil exécutif de Corse, s’adressait à des journalistes de RTL en décembre 2015.

Huit ans plus tard, la Corse dont la population « autochtone » est vieillissante ne s’en remet désormais qu’à l’arrivée de nouvelles populations venues de France ou d’ailleurs pour assurer son dynamisme démographique.

Faut-il déplorer cet état de fait au nom du risque de perte de notre identité ou s’en réjouir, au nom du nécessaire brassage de population dans une petite île de Méditerranée ? Plutôt que d’essayer de répondre à ces questionnements qui traversent une société corse en pleine mutation, notre magazine reste fidèle à sa vocation première, celle de raconter la Corse d’aujourd’hui sans fard ni faux-semblants.

Dans ce premier volet de notre série Communauté de destin, nous sommes allés à la rencontre de la deuxième communauté de Corse après les Maghrébins. Passée la première vague migratoire des années 60-70 d’une population fuyant la misère et la dictature de Salazar, la population portugaise n’a cessé de croître en Corse. Qualifiée de discrète et travailleuse, cette communauté ne fait pas souvent parler d’elle mais revendique pourtant une culture et une identité fortes qu’elle se plaît à entretenir sans pour autant tourner le dos à son intégration dans la société corse.

Faire entendre sa voix, revendiquer ses droits, manifester ses désaccords ou sa différence… Chaque jour l’actualité nous rappelle que le militantisme n’est pas mort. Si l’heure n’est plus au grand soir unitaire du Front populaire ou de Mai 68, la récente contestation massive de la réforme des retraites a prouvé la survivance d’un esprit militant. Pourquoi certains s’engagent et d’autres pas, quelles formes prend le militantisme aujourd’hui, quelle spécificité revêt-il en Corse ? Autant d’interrogations auxquelles nos contributeurs ont tenté d’apporter des éléments de réponses et de compréhension.

C’est avec la même conviction de devoir défendre un patrimoine naturel inestimable et essentiel à la biodiversité de la Corse, que les scientifiques, pêcheurs ou chasseurs d’images que nous avons rencontrés nous ont entraînés à la découverte des zones humides de Corse. Un territoire souvent méconnu de l’île où, s’il n’est pas perturbé par l’activité des hommes, l’harmonie et l’équilibre prévalent dans la diversité et le respect de l’autre. À méditer…