Par Eva Mattei
Photographies Jean-Christophe Attard
En 2018 « Faire ensemble pour mieux vivre ensemble » faisait état de 1 800 tiers-lieux sur le territoire national. Selon Patrick Levy-Waitz, président de France Tiers-Lieux, le nouveau rapport de l’association, à paraître sous peu, fera la démonstration d’une pleine croissance, surtout hors métropoles, de ces espaces d’expérimentation et de collaboration qui recréent l’économie locale tout en renforçant le lien social.
«
Les tiers-lieux paraissent plus aptes que les institutions à analyser les besoins sociaux
»
Devenu expression mantra dans la sphère politique, objet stratégique pour les organisations voulant ne pas manquer leurs « cibles » et outils de prédilection pour les travailleurs indépendants, le tiers-lieu, propice au faire ensemble, a aujourd’hui la côte. Cet espace hybride de travail et d’intimité quasi domestique, étudié par le sociologue américain Ray Oldenburg, n’est pourtant pas né de la dernière pluie. « On peut remonter à la Révolution Industrielle du XIXe siècle, avec l’apparition des mouvements associatif et coopératif ainsi que des sociétés de secours mutuel, note Céline Bourbousson, dont les travaux portent sur le management de l’ESS. Nommés comme tels depuis les années 2000 en Californie, les tiers-lieux sont protéiformes : cafés associatifs, friches culturelles, espaces de travail collaboratif… »
Pour l’enseignante-chercheuse de l’Université Pasquale Paoli, l’essor actuel des tiers lieux est une traduction des mutations du contexte économique, marqué par une instabilité structurelle. « C’est le rapport au lieu et à l’organisation du travail, qui est ici interrogé. La crise sanitaire a démontré les potentialités du travail en autonomie et à distance. Et la flexibilité organisationnelle qui caractérise les tiers lieux est une réponse privilégiée à la pandémie. » Un constat partagé par Patrick Levy-Waitz :
« Pendant cette crise, 9 tiers-lieux sur 10 se sont mobilisés dans des actions de solidarité. On dénombre plus de 5 millions d’unités ainsi produites, lors du premier confinement : masques, visières, pousse-seringues, respirateurs… Un engagement nouveau qui passe par le faire ».
Grand angle Société
Reportage de Jean-Christophe Attard & Susy Alamercery
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