Reportage de Jean-Christophe Attard & Susy Alamercery
Ils ne parlent pas et on en parle peu. « Ils » ce sont les autistes
sévères non verbaux que nous sommes allés rencontrer à la Maison d’Accueil Spécialisée Les Magnolias à Ajaccio.
Une petite structure unique en Corse qui accueille exclusivement des résidents adultes souffrant de Troubles du Spectre Autistique.
Ce reportage, que nous avons complété par un podcast immersif, est né de l’envie de mieux faire comprendre et accepter le handicap et de l’espoir de contribuer à réduire la distance qui nous sépare de ceux qui en sont porteurs.
«
Avant la création de la MAS, on n’avait pas le droit d’être malade, de faiblir et encore moins de disparaître
»
Fils d’une éducatrice spécialisée, j’ai passé les premières années de ma vie au contact des handicapés « mentaux », comme on les nommait alors. Tous les mercredis et une partie de mes vacances étaient rythmés par les sorties avec les trisomiques, les autistes ou les psychotiques. Dans ma candeur enfantine, je ne trouvais rien d’anormal à cela. Au milieu des années 70, l’Institut Médico Éducatif où travaillait ma mère ne voyait d’ailleurs aucune objection à ce que les enfants du personnel évoluent ponctuellement parmi les enfants pris en charge. De l’inclusion inversée avant l’heure !
Certes, je percevais plus ou moins consciemment ce qui nous différenciait, mais je ne m’en souciais pas. J’évoluais parmi eux avec tout le naturel et la spontanéité qui caractérisent les enfants, départi de la pesanteur des conventions sociales qui nous renferment sur nous-mêmes en grandissant. En y repensant, je crois qu’ils en faisaient de même avec moi. J’étais avec eux donc comme eux, voilà tout !
Évoluer à leur contact, me confronter à l’altérité dès mon plus jeune âge a sans nul doute conditionné pour toujours mon rapport au handicap, quel qu’il soit. Je n’en ai pas pris conscience tout de suite, mais au fil des années, j’ai constaté que ce rapport « décomplexé » au handicap était loin d’être partagé. En y prêtant attention, j’ai remarqué qu’en présence d’un handicapé mental, la majorité des gens oscillait entre la gêne, la peur ou la compassion, là où il n’aurait fallu, finalement, qu’un peu de naturel et d’empathie. […]
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Photographies & Texte Marcel Fortini
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