Réalité ou utopie ?

Graines d'avenir

Par Eva Mattei
Photographies Jean-Christophe Attard

Les potentialités d’une autonomie alimentaire en Corse

La crise du coronavirus et la peur des pénuries alimentaires ont mis sur le devant de la scène la question d’une indépendance vivrière. Pour dépasser le stade de l’impression et creuser le sujet
sur son propre territoire, Quì est allé à la rencontre d’acteurs locaux jouant le rôle de facilitateurs dans la production de notre
propre nourriture.

«
La permaculture
permet d’avancer
vers une nouvelle ère
à la fois capable
de satisfaire qualité
et quantité
»

Graines d'avenir - Quì magazine

De l'idée à la façon

« Loin d’un vœu pieux ou d’une chimère, l’autonomie alimentaire doit se concevoir comme la part à prendre par chaque citoyen au pourcentage d’une forme de souveraineté à la fois individuelle et collective ». Les pieds sur et dans la terre, Fabien Tournan ne voit pas autrement ce dont il a fait sa spécialité. Avec un programme de formation clés-en-mains, l’entrepreneur en permaculture, spécialiste de la régénération des sols, a fait, sitôt arrivé en Corse, le tour des lycées agricoles. Entre autres. « Le terreau administratif et politique ne me semble pas propice », assène-t-il. Faut-il pour autant se décourager ? « Clairement non, poursuit celui qui s’est notamment attelé avec Edgar Morin et son épouse Sabah Abouessalam au design et à la mise en place d’une ferme agroécologique à Marrakech. « S’appuyant sur les progrès de l’agroécologie et des modèles tels que la fertilisation naturelle des cultures ou encore les techniques d’arrosage comme le goutte à goutte, la permaculture permet d’avancer vers une nouvelle ère à la fois capable de satisfaire qualité et quantité ». Résultats en terre marocaine ? 13 hectares plantés en un an, soit 5 000 arbres fruitiers cohabitant avec des plantations maraîchères, une pépinière, un jardin ethnobotanique de plantes médicinales et aromatiques… « Cela a pu se réaliser avec l’ouverture de chemins de circulation de l’eau, la plantation de haies multi-rideaux faisant office de brise vent et de refuge pour la faune, l’installation de systèmes d’irrigation et de compostage, mais aussi de ruches, les fruits invendables de la récolte étant transformés en nourriture pour les abeilles ». Aujourd’hui, les grenades ainsi récoltées se vendent au marché local. Invitant, sur regenerationvegetale.com, les populations à s’emparer de ce type de projet, Fabien Tournan, propose de transmettre ses compétences en lecture du paysage, système anti-érosion, production alimentaire… […]

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