Tu marches, tel celui qui ne peut
sʼarracher au seuil de sa maison
Cesare Pavese

Là où le paysage pourrait se présenter comme un ornement, le territoire lui pourrait se déployer comme une cartographie émotionnelle et intime.
Des années à l’arpenter, ces images sont extraites d’une longue série d’errances à travers le territoire insulaire. Dans les montagnes et en campagne, elles témoignent du fragile équilibre entre l’habité et l’inhabité, l’hospitalier et l’inhospitalier. Un entre-deux du réel où se crée un récit introspectif confronté à des lieux incarnés et des êtres qui le traversent.
La nature y apparaît tantôt comme une figure obsessionnelle et incarnée, animiste, tantôt comme un espace primordial, solide et fragile à la fois.
L’espace que nous côtoyons en dehors des villes est intemporel et ambivalent, il nous renvoie à nous-mêmes autant qu’à l’inconnu. Nous faisons en quelque sorte l’expérience de soi, de nos racines et du réel à chaque déplacement que nous faisons en ces lieux, comme si une chose, un être, semblait s’y dissimuler et nous observer pour nous rappeler à l’ordre.
Avec une affinité particulière pour le clair-obscur, j’y explore une sorte de porosité de la vie en dehors des villes. Il y a dans ces expériences quelque chose qui s’apparente au rite initiatique lié à la terre.