Par Eva Mattei
Photographies Jean-Christophe Attard
Il ne nous a pas dit non. Il aurait pu.
Car Frédéric Lenoir est revenu en Corse, comme chaque fois,
pour y travailler. Entre deux pages d’écriture, il nous a pourtant accueillis dans son modeste caseddu, reflet d’un mode de vie fidèle à ses convictions. Le temps d’un long et bel échange autour du thème de la liberté, valeur traversant le parcours et l’œuvre de ce philosophe du bonheur, tout à la fois historien des religions,
sociologue, documentariste et romancier à succès. Vulgarisateur heureux toujours prêt à faire dialoguer les savoirs, l’homme aux 50 livres nous ouvre ses chemins de pensée et de spiritualité avec cet art de mettre au jour les vérités perdues : celles qui, sous sa plume, parlent au cœur de tous les hommes.
«
Les Corses ne sont pas tombés dans l’illusion de la modernité
»
Frédéric Lenoir, après des années de recherche, de réflexion, de méditation et d’écriture, où en êtes-vous de votre cheminement personnel ? Êtes-vous allé au bout de votre processus de guérison intérieure ? Avez-vous connu cette crise du sens, dont Carl Gustav Jung fait remarquer qu’elle touche la plupart des individus vers le milieu de leur vie ?
FL / Mon individuation, comme l’appelle Jung, c’est-à-dire mon parcours de sens, je l’ai commencé dès mon adolescence en lisant les grands philosophes, en m’engageant déjà dans un processus de connaissance de moi-même, puis en réalisant un travail spirituel et en suivant des thérapies. C’est bien sûr en raison d’une souffrance intérieure que j’ai cherché très tôt à me comprendre et à évoluer. Aujourd’hui, à 59 ans, je dirais que je suis bien avancé dans ce chemin d’apaisement, d’équilibre et d’harmonie entamé il y a longtemps, mais que je ne l’ai pas terminé et que du travail reste donc à faire.
Q / Peut-on aisément imaginer un adolescent d’aujourd’hui lire, comme vous, Platon à 13 ans et Jung à 16 ?
FL / Le Banquet de Platon, qui n’est pas un livre de philosophie abscons, est tout à fait accessible dès lors que l’on possède un minimum de vocabulaire conceptuel. La question est sans doute plutôt celle de la place de la lecture dans notre société. Il n’existe pas de jeu vidéo enseignant Platon et c’est bien dommage ! Ma chance à moi a été de grandir dans une famille m’ayant transmis les éléments de culture qui m’ont permis de développer très tôt une réflexion personnelle et une recherche à la fois intellectuelle, spirituelle, existentielle. Ceci pour aller aux choses qui me paraissaient les plus importantes, à savoir qui je suis, comment être heureux et donner du sens à ma vie, l’idée étant de comprendre à la fois l’être humain que je suis et le monde dans lequel j’évolue. Ce sont là les questions de toute ma vie, sur lesquelles j’écris depuis toujours. […]
Fiction
Par François-Xavier Dianoux-Stefani
Illustrations : Marie-Caroline Andreani
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