Par Dominique Memmi
Photographies Jean-Christophe Attard
En ce temps là, les filles héritaient de terres incultes, infestées de moustiques en été et balayées par les vents l’hiver venu. C’étaient des hectares en bord de mer, des royaumes de sauvageries abandonnés à celles qui n’avaient pas de mots pour se faire entendre.
Le littoral était alors une ligne sans signes, parce que la mer voyez-vous, ce n’était que pour les fuyards, pour ceux qui ne laissent pas de traces. Il y avait bien ces tours que Gênes avait postées aux quatre coins de l’île, mais elles n’étaient plus que de massives lettres de pierres qui ne transcrivaient plus rien, juste de grands yeux crevés sur le vide.
Le destin avait ainsi doté Fior di Licia Leandri, fille de grands propriétaires du sud, d’une grande parcelle de ces terres stériles. À sa mort, au tout début du XXe siècle, Fior di Licia avait légué cette machja1 à sa fille Stella qui, à son tour, n’avait eu qu’une seule enfant : Chjara.
Ainsi, les habitudes successorales insulaires avaient été respectées : ce qui ne valait rien allait à celles qui ne valaient pas grand-chose.
Une nouvelle inédite de Dominique Memmi, sublimée dans une version audio qui révèle toute la beauté du texte !
Nouvelle : Dominique Memmi; Mixage : Jean-Christophe Attard et Amélie Sammarcelli; Lecture : Léa Eouzan-Pieri
Grand angle Société
Reportage de Jean-Christophe Attard & Susy Alamercery
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