Dans le grenier d’une maison à Prunelli-di-Fiumorbu, un monsieur de 77 ans me fait une démonstration de l’habillage d’un mannequin en costume traditionnel, avec la minutie de celui qui a manipulé les tissus toute sa vie. Cet homme, c’est Rennie Pecqueux- Barboni, professeur à la retraite, ethnologue passionné, spécialisé dans le costume corse et méditerranéen. Ce grenier anonyme au milieu de la Plaine orientale est le lieu où il entrepose les quatre-vingts tenues de sa collection personnelle, féminin et masculin, habits du dimanche et vêtements de tous les jours, bien classifiés selon l’époque et leur microrégion d’origine. Ce sont des étoffes aux couleurs fabuleuses que Rennie nous laisse apercevoir, allant de l’indigo au jaune soleil, bien loin de l’idée du simple costume en velours noir ou de l’image d’Épinal de la fileuse, la tête recouverte d’un fichu ébène. « Le noir a été adopté à une époque bien particulière, pointe-t-il, pour correspondre à l’image d’une classe nobiliaire. On l’a adopté pour paraître riche, au point de teindre même les jupons en noir dans certaines régions ! »
Voilà quelque temps que les connaissances de Rennie sur les traditions vestimentaires m’intéressent pour tisser un parallèle avec les habitudes actuelles. À ma question sur le costume corse contemporain, Rennie sourit : « Pour les messieurs, le pantalon de chasse, le t-shirt, une coupe de cheveux au rasoir… et pour les dames, c’est à la pointe de la mode en toute discrétion… »