Une terre d'aventure

Par Philippe Colombani
Illustration Léon Caniccioni

Dans les années 1830, la Corse retrouve la paix, après un siècle de guerres et de révolutions. Mais l’île, qui avait pourtant fasciné l’Europe par ses innovations politiques au XVIIIe siècle, reste encore largement mystérieuse. De nouveaux voyageurs viennent la découvrir, en quête d’une nature sauvage et d’un peuple resté farouche.
Une quête d’authenticité qui fascine, alors que s’annonce la grande
rupture de la modernité industrielle. 

«
Les clichés fondateurs d’une identité corse fantasmée se fixent dès cette époque
»

Terre d'aventure -Léon Caniccioni - Quì Magazine Volume 6

Le 12 août 1828, Richard Temple Nugent Brydges Chandos Greneville, duc de Buckingham et Chandos, débarque de son yacht à Ajaccio afin de visiter la Corse, pour son divertissement. Felix Pozzo di Borgo, Receveur général du département, met à sa disposition le seul cabriolet à deux chevaux disponible en ville, que Buckingham compare dans un trait d’humour tout britannique à « une charrette de boucher anglais en moins souple ». Le duc traverse l’île avec sa suite d’une dizaine de personnes et embarque à Bastia le 27 août, ravi de sa visite dans ce territoire exotique dont il tirera un beau journal de voyage. Mais que venaient chercher de si éminents personnages dans cette île à l’évidence si rustique et encore mystérieuse ?

Buckingham visite l’île presque cent ans après le début des révolutions de Corse, commencées en 1729. Durant cet intervalle, la Corse à tout connu : guerre de libération contre Gênes, interventions d’armées étrangères, guerre civile, démocratie paoliste, conquête puis révolution française, royaume anglo-corse, insurrections et répressions, jusqu’à ce que ce siècle de feu s’achève par la restauration d’une monarchie constitutionnelle en France et le retour à la paix, après 1815. Si la Corse du XVIIIe siècle a beaucoup intéressé les militaires, les diplomates et les philosophes, celle du XIXe attire un tout autre genre de visiteurs. Les élites européennes se lassent du « Grand Tour » qui consistait à visiter l’Italie pour y retrouver la grandeur de l’héritage antique et la beauté des monuments. […]

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