Par Sampiero Sanguinetti
Illustrations Philippe Antonetti
Il existe des évènements que les uns voudraient oublier, que les autres n’ont jamais imprimés et que les troisièmes tiennent pour des accidents sans grande importance. Le récent débarquement de réfugiés syriens à Porto-Vecchio a rappelé à Sampiero Sanguinetti une autre histoire de bateau et de rapport à l’étranger. Pour se remémorer ce qui est arrivé il y a une quarantaine d’années, un soir du mois d’avril sur le port d’Ajaccio, l’auteur a cherché à se mettre à la place d’un des enfants qui furent les protagonistes d’un « dérapage » pédagogique qui donna naissance à l’association Avà Basta.
«
Ce qu’ils trouvent dangereux c’est qu’il y a des Arabes !
»
À la veille de Pâques, ses parents, en voiture, l’avaient accompagné à travers la Corse de chez eux, à Bastia, jusqu’au port d’Ajaccio. Deux heures et demie de route. Comme quatre cents enfants venant de toute la Corse, il devait embarquer sur le Napoléon. Le navire tout blanc qui faisait le trajet de Marseille à Tunis durant les mois d’hiver avait fait cette escale dans le port d’Ajaccio spécialement pour cela : embarquer les enfants. Il y avait des mois qu’avec leurs enseignants ils parlaient de ce jour où ils embarqueraient pour la Tunisie. Dix jours de découverte d’un pays à la fois si proche et si différent sur la rive opposée en Méditerranée. Ils avaient repéré la place de ce pays sur le planisphère et ils avaient parlé de sa géographie, des cultures d’oliviers, des portes du désert, là bas loin vers le sud, juste après Tataouine, les dunes du Sahara. Ils avaient évoqué l’histoire de Carthage, la conquête romaine et la présence française. […]
En partenariat avec la revue corse Robba
Fiction
Par François-Xavier Dianoux-Stefani
Illustrations : Marie-Caroline Andreani
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