La religion a-t-elle un avenir ?

Par Jean-Louis Fabiani
Illustrations Elish

Finie, la religion ? On a longtemps cru que le monde moderne, la science et les techniques auraient raison des pratiques religieuses, survivances d’un passé révolu. Il n’en a rien été. Le paysage religieux est en évolution constante et on note des tendances contradictoires : déclin de la pratique pour les grandes religions, au moins en Occident, émergence de nouvelles formes de religiosité. On tente ici de faire un état des lieux. 

«
Le besoin de trouver une forme de paix intérieure avec le monde est impossible à assouvir dans un univers entièrement limité aux catégories de la raison
»

Quì Magazine Volume 5 - Entretien - Religion - Jean-Louis Fabiani

Peut-on vivre sans religion ?
« Les anciens dieux sont morts et les nouveaux ne sont pas encore nés »,
disait le sociologue Durkheim vers 1900. Au même moment, l’Allemand Max Weber développait une théorie de la modernité comme
désenchantement du monde, les religions tendant à survivre uniquement sous forme de réveils religieux sans lendemain, des spasmes plutôt que de mouvements de fond. Aujourd’hui pouvons-nous dire qu’ils avaient raison et que nous continuons de sortir lentement de la religion ? La réponse à la question est loin d’être évidente. Il faut d’abord dire qu’il est impossible de penser une société où le sacré n’aurait plus de place. C’est ce que pensait le philosophe Auguste Comte au XIXe siècle : si l’âge positif qu’il appelait de ses vœux supposait la fin des religions établies, il n’était pourtant pas question d’abandonner les fonctions sacrées qu’elles assuraient dans les sociétés antérieures : il construisit lui-même un projet de religion de l’humanité qui avait ses lieux de culte et sa liturgie. […]

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