Ce jour-là, j’avais décidé de marcher. Les montagnes étaient face à moi et je ressentais leur appel insistant. J’aime marcher. Et j’aime marcher seul. La marche nous plonge dans une autre dimension du temps. Elle est une mise à disponibilité totale de l’esprit. Je voulais aussi, un instant durant, quitter la ville, le béton et la monotonie, fuir cette aberration de l’entassement consenti.

Me voilà donc parvenu à Peri, en périphérie d’Aiacciu. Je gare ma voiture à l’entrée du village, et j’entame un parcours pédestre qui doit m’amener à proximité du cimetière, situé sur une colline en retrait du village. J’emprunte un chemin parfaitement balisé à la façon, aujourd’hui commune, de ces visites touristiques strictement encadrées et standardisées. Ici, sur « le sentier du patrimoine » (sic) de Peri, comme ailleurs en Corse, les randonneurs – qui sont pour la plupart des citadins – ont tendance à considérer la montagne avant tout comme un espace de loisirs ; aussi, veulent-ils la parcourir sans entraves matérielles ou… culturelles. La montagne doit être domestiquée, les chemins bien tracés, les activités agropastorales bien réglementées et les traditions acceptables ! […]