Par Jean-Louis Fabiani
Illustrations Philippe Antonetti
L’île apparaît au premier regard comme une sorte de conservatoire des identités, mais la réalité est plus complexe. La Corse offre un bon exemple des flux qui traversent les îles, des circulations multiples avec la terre ferme et des tensions qui ne cessent d’advenir lorsqu’on se met à confondre l’identité constituée historiquement avec le caractère immuable d’une nature.
«
La clôture dessinée par la mer implique l’unité d’un caractère
»
Une clôture imaginaire
La forme insulaire simplifie toujours les choses, au détriment de l’ambivalence et de l’ambiguïté qui caractérisent les mondes sociaux. La possibilité d’une île n’est autre que l’évidence d’une clôture qui la sépare des autres îles et du continent, ou de la terre ferme, comme on disait autrefois. Les conséquences de la délinéation sont évidentes : il existe une forte corrélation entre le fait insulaire et le fait identitaire : une île est spontanément perçue comme toujours identique à elle-même, puisqu’elle ignore les « marches » (espaces limitrophes, périphériques, tampons) et les zones de transition qui désignent les espaces par lesquels on passe d’un espace naturel et social à un autre, quelquefois imperceptiblement. L’idée de frontière naturelle peut être rapprochée des représentations de la réalité insulaire : la réalité géographique impose des distinctions qui semblent évidentes, au moins au premier coup d’œil : les Pyrénées constituent une barrière aussi bien naturelle que culturelle. […]
Portfolio
Photographies & Texte Marcel Fortini
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