Le silence est épais, mais il ne pèse rien. Dans le cloître inondé de lumière, les poissons et les tortues vivent leur vie en silence, créatures monastiques idéales s’il en est.

Derrière les murs et les fenêtres, le monde tourne, poursuit sa course folle, se bâtit et se déconstruit, va de l’avant toujours plus vite.

Les humains font l’amour et la guerre, s’aiment et se déchirent, construisent et saccagent. Dehors. Dedans, le silence est épais, même s’il ne pèse rien.

Six cents années d’Histoire se dressent ici, sous le regard du clocher du couvent de Corbara, dont la première pierre fut posée en 1420. Franciscain puis dominicain après la Révolution, le lieu veille sur la Balagne. Il fait partie d’elle, de son territoire, de son identité, il est une partie de son âme et peut-être, l’endroit le plus sacré de son cœur. 

En ces murs ils ne sont plus qu’une poignée de frères de Saint-Jean, bien petite au regard des milliers de mètres carrés de l’édifice, où les grandes heures de la chrétienté ont laissé une trace indélébile, celles de centaines de frères, de milliers de pas. De millions de prières. 

Une oasis de paix, une bulle protectrice, un petit monde dans le grand. Pour eux, mais aussi pour ceux qu’ils accueillent. […]