Alors que le FLNC recommençait à communiquer et à revendiquer des attentats, je me suis souvenu d’une inscription sur un mur que j’avais photographié il y a longtemps.
«
Le sourire permet de
mettre un peu de distance
avec le drame
»
J’était en 1978 ou 1979, à Montemaggiore en Balagne, des individus avaient écrit sur un mur : FLNC-Boum et avaient dessiné une bombe. La signature du FLNC ou le slogan IFF, I Francesi Fora, étaient des choses très courantes en ce temps-là, partout dans l’île. Ce qui me paraissait distinguer cette inscription à Montemaggiore était ce que j’interprétais comme une forme d’humour.
Or l’humour n’était pas véritablement ce qui caractérisait les militants nationalistes occupés à barbouiller les murs ou à poser des bombes. Dans ma tête, en souriant, j’intitulais cette inscription : « programme de gouvernement ». Mais j’hésitais dans l’interprétation qu’il était possible d’en donner. Soit le militant qui avait réalisé cette inscription annonçait tout simplement la couleur : « le sigle FLNC est inséparable de l’idée d’une bombe », soit de manière plus subtile venait-il d’inventer le moyen de perpétrer un attentat sans violence. Il avait posé une bombe clairement représentée, il l’avait fait exploser en écrivant « Boum » et il avait signé son acte du sigle de l’organisation clandestine. Était-ce une forme de distance avec son propre militantisme ? Était-ce l’expression d’un doute qui l’aurait conduit à penser que le FLNC ne pouvait servir qu’à poser des bombes ? […]
Grand angle Société
Reportage de Jean-Christophe Attard & Susy Alamercery
Fiction
Par François-Xavier Dianoux-Stefani
Illustrations : Marie-Caroline Andreani
Agence Totem
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