Entretien avec

Père Christian Delorme

Propos recueillis par Laure Filippi
Illustration Benoît Lamare

Prêtre catholique du diocèse de Lyon depuis près de quarante-cinq ans, celui que l’on appelle aussi « le curé des Minguettes » – du nom d’un quartier de la métropole rhônalpine – en raison de son soutien aux immigrés, a initié la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 et défendu la cause de nombreuses minorités. Homme d’engagement, auteur, disciple de Martin Luther King et de Gandhi, il est une figure du dialogue interreligieux, en particulier avec les musulmans. Sa foi « incarnée » et son œcuménisme révèlent une spiritualité vivante, loin de tout dogmatisme.

«
La spiritualité est d’abord
un élan intérieur 
»

Quì Magazine Volume 5 - Entretien - Père Christian Delorme

Quì / Vous célébrerez l’an prochain vos quarante-cinq années de sacerdoce. En tant qu’homme d’Église, quelle définition donneriez-vous de la notion, assez vaste, de spiritualité ?

Christian Delorme / Avant de parler en tant qu’homme d’Église, je m’exprime en tant que frère de tous les humains de la Terre, d’aujourd’hui, d’hier et peut-être de demain. Lorsque l’on a des responsabilités institutionnelles pour le peuple chrétien, on n’en est pas moins un être en recherche. Cela étant, je ne suis pas plus malin que les autres, donc j’ai bien du mal à donner une définition concise de la spiritualité ! Je dirais qu’elle est tout ce qui porte l’être humain à regarder au-delà de lui-même et au-delà de l’immédiatement visible. C’est d’abord un élan intérieur qui nous projette bien plus loin que nous-mêmes, dans la mesure où l’homme a conscience qu’il est beaucoup plus que ce qu’il pourrait croire. Il est d’ailleurs très frappant de voir que les premiers signes de pensée religieuse dans l’histoire du monde se situent dans les sépultures, l’être humain étant le seul animal qui prend soin de ses morts. Dans l’histoire des religions, on s’aperçoit que les premiers cultes sont liés à l’ensevelissement des morts, car l’homme a conscience depuis très longtemps de son incomparable dignité, du fait que sa finitude physique n’est pas la fin de son existence. Je dirais aussi que la spiritualité est une quête, à la fois vers les origines et vers l’avenir. Tout être humain se pose très vite les questions fondamentales, existentielles : « Qui suis-je ? », « D’où est-ce que je viens ? », « Où est-ce que je vais ? ». Souvent, cela rejoint le pressentiment de venir d’une source indéfinissable, d’une divine origine. Y a-t-il une terre promise, un ciel, une entrée vers une autre dimension de l’existence ? La spiritualité est précisément un chemin qui permet de creuser tout cela.

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