Par Carole Zalberg
Illustration Elish
À la faveur d’une nuit passée dans une des Maisons d’Américains du Cap Corse, une écrivaine découvre l’histoire fascinante de ces palais aussi somptueux qu’inattendus. Entourée d’objets exotiques, envoûtée par les récits de ses hôtes et bercée par la voix des morts hantant toujours la bâtisse, la voilà embarquée sur les traces fictives d’un jeune aventurier parti pour Porto Rico au XIXe siècle et de sa mère restée au village.
Je n’ai passé qu’une nuit dans ce palazzu dominant la vallée, mais le temps s’y est arrêté ou au contraire étiré à l’infini, je ne saurais le dire. C’était il y a quelques années et je songe encore souvent à ce séjour pourtant bien plus bref que la plupart de mes voyages les plus marquants. J’y songe avec la nostalgie que provoquent les lieux entrevus puis perdus, les lieux où l’on a été heureux, ébloui, ému, troublé et, pour l’une ou l’autre de ces raisons, durablement transformé.
Quand j’avais été invitée à faire une lecture publique, sous le fameux arbre du jardin, de mon dernier roman, j’ignorais jusqu’à l’existence des maisons d’Américains. Plus encore que ce que mes hôtes m’en ont raconté ce soir-là et ce que j’ai lu avidement ensuite, mon imaginaire de romancière enflammé par ces bribes de récits, ce sont les confidences des âmes demeurées captives des murs qui m’ont initiée à l’aventure des Capcorsins partis chercher fortune aux Amériques et, pour certains d’entre eux, revenus dans l’île assez riches pour y faire bâtir ces demeures immenses et improbables. […]
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Les jardins de Bodiccione,
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