Mon institutrice de CM1 s’appelait Madame Pernodat. En CM2, c’était Monsieur Pellegrinetti. Ces deux-là m’ont marquée, sans que je sache vraiment pourquoi. Pour les autres, c’est plus nébuleux. Parce qu’après tout, ils n’ont passé que neuf ou dix mois chacun dans ma vie d’enfant, se succédant et se remplaçant au rythme des années scolaires et de ma progression d’une classe à l’autre.

Madame Beovardi, elle, ne sera pas oubliée. Dans dix, quinze ou vingt ans, Killian, Mélissa, Matteu ou Ioana se souviendront d’elle, de son nom et de son enseignement. Ils reverront sans le moindre doute le décor de leur salle de classe, l’emplacement de leurs bureaux respectifs, la lumière du soleil à travers les hautes fenêtres, la fresque
colorée sur le mur du préau. 

Auront-ils remarqué les détails ? Les années qui se juxtaposent dans les locaux plus très jeunes ? Les grands outils – équerre et règle – en plastique jaune, suspendus à un clou planté dans le mur. Le tableau noir et ses craies multicolores. Les petits carreaux du carrelage moucheté. Plus vieux encore, les pupitres en bois solidaires de leurs chaises avec le trou prévu pour l’encrier, et les armoires sans doute repeintes des dizaines de fois à travers les années. […]